J’ai passé les dernières semaines dans le sud du Pérou avec Marie, une amie de France venue me rendre visite pour trois semaines de vacances. Changement de rythme, à la fois parce que nous avions un timing défini mais aussi parce que le sud du Pérou est beaucoup plus touristique que le nord et l’Amazonie. Je n’ai donc pas eu le temps de vous poster des nouvelles régulièrement et vous allez donc avoir de la lecture dans les jours à venir.

Avant de retrouver Marie à l’aéroport de Lima, j’ai effectué 24 heures de bus, passant de la forêt amazonienne, aux Andes où j’ai aperçu de la neige en altitude pour finir dans les plaines arides et semi-désertiques de la côte péruvienne avant d’arriver dans la jungle, urbaine cette fois-ci, de Lima.

Difficile de se croiser sur le chemin de terre que nous avons emprunté durant une partie du trajet entre Tarapoto et Lima

Nouvelle capitale, nouveaux systèmes de transports, nouveau combat. Cette ville est comme sa voisine colombienne, tout aussi désorganisée au niveau des transports en commun. C’est même pire car il n’y a aucun plan et aucune application pour aider le pauvre touriste que je suis à se retrouver dans cette mégapole de 10 millions d’habitants… Une seule solution, demander son chemin et faire confiance. Le trajet pour l’aéroport est un vrai parcours du combattant. Une fois dans le bon bus je ne mettrai pas moins d’une heure et demie à retrouver Marie. Une foule compacte avec des pancartes attend famille ou clients.

Le trajet du retour nous prendra près de deux heures car non seulement il y avait toujours autant de circulation mais je ne savais pas exactement où m’arrêter.

Pour ces trois semaines de voyage, Marie nous a concocté un petit programme et dès le lendemain matin, après une bonne nuit de repos, nous prenons un bus de la compagnie Cruz del Sur pour nous rendre à Ica, à 4h30 de route. Ica est connu pour son oasis Huacachina perdue au milieu du désert et entourée de dunes de sables gigantesques. Pour vous y rendre à partir du terminal de bus d’Ica, prenez un taxi ou une mototaxi, il vous en coûtera 8 soles. En arrivant, on ne peut manquer l’attraction principale du lieu : les tours en buggy au milieu des dunes dont les rabbateurs ne manquent pas de nous faire l’apologie. Cependant, cela ne nous intéresse pas et passons notre tour. L’endroit est effectivement surprenant avec un plan d’eau bordé de quelques maisons toutes consacrées aux touristes ou pour loger les personnes qui travaillent avec/pour eux. Et derrière ces maisons, ces dunes immenses qui donnent l’impression d’un mur ! Nous trouvons une auberge de jeunesse correcte sur les bords de l’oasis pour 25 soles la nuit en dortoir de 8 lits. Nous pouvons même laver du linge pour 5 soles le kilo.

Nous profitons de cette fin d’après-midi pour aller découvrir les environs et escalader la dune… Plus nous nous élevons et plus nous constatons l’étendue du désert et l’étroitesse de l’oasis coincée au milieu. Nous découvrons en même temps la pollution engendrée dans ce lieu qui devait être magnifique à la base mais que la mondialisation et le tourisme de masse ont transformé en un désert de plastique.

Huacachina, quelques maisons au milieu d’un désert de sable

Et lorsque l’on prend de la hauteur, des dunes de sable à 360 degrés

Quel dommage de voir ce lieu si pollué !

A cela s’ajoute la pollution sonore avec les dizaines de buggys qui s’amusent entre les dunes en détruisant à la fois le paysage et le quiétude des lieux… Dommage !

L’autre attraction du coin c’est le sandboard ou surf sur dune… Plus silencieuce fort heureusement ! Le sable est si fin qu’il donne une sensation de glisse plus ou moins identique à la neige. C’est drôle de voir des magasins de location de snow et ski comme à la montagne, des cours avec moniteur en pantalon de ski et des personnes dévaler les pentes abruptes des dunes.

Nous repartirons le lendemain un peu déçus de cet oasis, bien loin de l’image idyllique que nous nous en faisions.

Au petit matin, l’oasis a retrouvé sa tranquillité le temps de quelques heures

Direction Nazca de nouveau en bus, de nouveau avec Cruz del Sur. Cette compagnie propose des transports par voie terrestre dans des bus ultra-modernes : sièges confortables, prises pour charger son téléphone en USB, écran de TV personnel avec une sélection de films comme dans les avions, repas à bord, hôtesse ou steward à notre disposition…

Le trajet entre Ica et Nazca dure 2h30. Le paysage est surprenant, nous longeons toujours la côte et apercevons parfois l’océan Pacifique sur notre droite. Le reste du temps, nous sommes au milieu d’une plaine minérale avec au fond sur notre gauche des montagnes.

Nous croisons parfois quelques villages qui ajoutent un peu de vert au tableau

En arrivant à Nazca, il est midi et nous prévoyons de repartir directement pour Arequipa dès le soir. Nous achetons nos billets, ce qui nous donne le droit de déposer nos sacs en consigne avant de partir explorer la ville et ses alentours. Célèbre pour ses géoglyphes, ces dessins aux origines mystérieuses visibles seulement du ciel, Nazca propose des tours en avion afin de mieux les observer. Là encore, nous décidons de ne pas céder à la tentation du tourisme de masse et partons à 20 kms à l’écart de la ville d’où l’on peut accéder à une plateforme perchée à dix mètres de haut et observer les 3 principaux géoglyphes, l’araignée, la main et le lézard. L’illusion est atteinte grâce au dégagement des pierres en surface qui laissent entrevoir le sol plus clair en dessous dessinant des formes animales pour la plupart. Le mystère réside dans le fait qu’à l’époque, ils n’avaient à priori pas les moyens de voir le résultat, vu du ciel et donc de savoir ce qu’ils faisaient… A moins que ces civilisation ancestrales étaient plus évolués que nous malgré ce que l’on veut nous faire croire. Quoi qu’il en soit, je suis content qu’il existe encore des mystères dans notre monde devenu si cartésien, si scientifique…

« La main »

« L’araignée »

Nous terminons la journée en déambulant dans les rues de la ville où tout nous rappelle ce qui fait la notoriété de l’endroit, via des sculptures dans les rues, sur les murs des restaurants…

A 22h, nous revenons au terminal de bus. Comme nous allons passer la nuit dans le bus, nous avons opté pour la première classe aux sièges plus larges et plus inclinables. Au matin, le constat est sans appel, on y dort mieux !

En sortant du terminal de bus d’Arequipa, une femme nous interpelle en nous montrant une carte de la ville. N’ayant absolument aucune idée de là où nous allons dormir le soir, nous l’écoutons. Elle travaille pour une agence de voyage qui organise des tours au canyon de Colca, l’attraction du coin et accessoirement l’un des plus grands canyons du monde. Ce qu’elle nous propose nous semble honnête et nous avons un bon feeling. Nous lui achetons donc un trek de trois jours, deux nuits… Elle nous indique en prime une auberge moins chère que celles inscrites sur le guide (Santa Catalina : 40 soles la chambre privée avec douche et toilettes extérieures) et nous offre le taxi pour nous y rendre. Cela nous fait toujours quelques soles d’économisés.

Il est huit heures du matin et nous avons toute la journée devant nous pour explorer la ville avant le départ le lendemain matin à 3h30. Nous profitons d’un « Free walking tour » dont le concept a fait ses preuves dans de nombreuses villes du monde : des passionnés vous proposent de vous faire découvrir leur ville hors des sentiers touristiques à base d’histoire et d’anecdotes drôles ou insolites. Le tour se termine généralement autour d’un verre dans un bar sympa de la ville. Aucune rétribution n’est demandée sinon ce qui vous fait plaisir… Arequipa est une ville avec un centre historique composé de maisons coloniales où il est agréable de se balader.

La place principale d’Arequipa, qui se nomme « Plaza de Armas », comme dans la majorité des villes du Pérou

Notre guide nous fait découvrir le marché de la ville et quelques-unes de ses spécialités : jus de fruits à base de grenouilles, les foetus de Lama pour vos rituels…

Mais vous pouvez aussi simplement demander un jus de fruits frais sans grenouille…

 

Je suis bien content de ne plus manger de viande quand je me balade dans ce marché…

 

Foetus de lama pour vos rituels

 

Après une courte nuit, nous embarquons à trois heures trente dans un minibus en compagnie d’une quinzaine d’autres touristes pour trois heures de route direction le canyon de Colca. Je n’arrive pas à dormir et observe petit à petit le jour se lever autour de nous… A un moment donné, notre route est bordée de neige de part et d’autre et j’apprendrai plus tard dans la journée que nous avons passé un col à 4900 mètres d’altitude soit plus haut que le Mont Blanc. Spectacle grandiose !

Dans le Sud du Pérou, les feuilles de coca accompagnent souvent les petits-déjeuners, afin de lutter contre le mal de l’altitude

Nous faisons une pause à Chivay, le temps de nous rassasier d’un petit déjeuner avant de reprendre la route pour rejoindre le point de départ de notre trek. Les nuages nous entourent, nous sommes à 3000 mètres d’altitude, il fait frais et je n’aurai jamais pensé trouver ces températures là durant mon périple sud-américain. Les guides nous séparent en deux groupes ceux de deux jours et ceux de trois jours. Nous partons avec Juanito à travers la brume. Pour nous rassurer, il nous promet que cela va se dégager et nous explique qu’il travaille ici depuis six ans. Notre objectif du jour est un village situé 1000 mètres plus bas au creux du canyon. Nous continuons la descente toujours entourés par les nuages, avec Juanito qui continue de nous rassurer sur leur départ imminent… Je commence à douter de ses promesses quand soudain effectivement, le fond du canyon se dégage pour nous laisser admirer le paysage. Les nuages forment toujours un chapeau au dessus de nos têtes si bien que nous avons l’impression d’être dans un autre monde. Les vols de condors passant en-dessous puis au-dessus de nous viennent ajouter à la beauté des lieux.

Sur les coups de midi, nous arrivons au village de San Juan, où un bon repas nous attend. La qualité est proportionnellement à l’opposé de la quantité, ce qui en soit est parfois gage de qualité lorsque l’on aime le gastronomique mais moins après une marche sportive. Après ce repas frugal, le groupe de deux jours continue sa route tandis que nous avons l’après-midi pour nous reposer et admirer le paysage. Étant en saison basse, il n’y a pas beaucoup de fréquentation et c’est bien agréable. De nombreuses maisonnettes vides témoignent de l’affluence des grands jours.

Le chemin n’étant quasiment pas balisé, le tour organisé est une bonne chose. De plus, en comparant les prix à l’unité des chambres et des repas dans les villages où nous arrêtons, je constate que la somme déboursée n’est pas énorme : 125 soles comprenant le transport, 3 jours de trek avec guide, 2 nuits, 3 petits-déjeuners, 2 déjeuners et 2 dîners…

Salle de bain extérieure

Le lendemain, après un rapide petit-déjeuner, nous repartons sur les coups de 9h vers notre deuxième destination, l’oasis de Sangalle. Le chemin commence par du plat en fond de canyon en longeant les systèmes d’irrigation existants. Sur le flanc opposé, nous apercevons leur équivalent antique et je ne peux m’empêcher d’être admiratif de ces techniques ancestrales.

Système d’irrigation actuel

 

Système d’irrigation ancien

 

Pont de bois artisanal pour traverser la rivière dans le fond du canyon

Après une rapide montée d’une quinzaine de minutes, nous arrivons à l’entrée d’un village où le chemin traverse un petit magasin qui vend le nécessaire pour randonneurs voire même quelques extras surprenants sur un trek : des bouteilles d’alcool fort et des cigarettes… C’est un enfant qui tient l’échoppe et Juanito notre guide, par habitude des réactions des occidentaux, nous expliquera plus tard que c’est normal dans ces coins reculés, que ce sont les vacances et qu’il a lui aussi été vendeur durant son enfance.

Le chemin continue à flanc de colline en traversant ce village puis finira par redescendre vers l’oasis se trouvant au fond du canyon.

Place de village typique avec son église

A la différence des villages précédemment traversés, l’oasis est un endroit entièrement artificiel, construit pour l’accueil des touristes. Des piscines sont à notre disposition mais malgré l’aspect paradisiaque des lieux, je suis encore déçu de ne pas trouver une oasis digne de ce nom, telle que je pouvais en avoir l’image en tête.

Dans l’après-midi, il se met à pleuvoir et nous sommes contraints à la lecture forcée. Je résiste toujours à la liseuse, préférant le contact du papier à un énième objet électronique nécessitant de surcroît de l’électricité. J’échange donc mes livres dans les auberges ou avec d’autres voyageurs.

Ce qui nous attend le lendemain matin

Le départ le lendemain matin est à quatre heures trente pour 1100 mètres de dénivelé positif… Autant dire qu’à 21 heures nous sommes déjà au lit.

Les yeux encore endormis, nous retrouvons le reste du groupe afin de démarrer tous ensemble. Nous commençons l’ascension à la suite de Juanito qui mène la marche. Il fait encore nuit et nous progressons à la lampe frontale. Rapidement, nous partons devant avec Marie, voulant garder notre rythme… Au-fur-et-à-mesure que nous prenons de la hauteur, le soleil se lève et le ciel se dégage nous laissant admirer une dernière fois le canyon dans toute sa splendeur. Deux heures trente plus tard, nous voici au sommet où nous achetons des barres de chocolat pour reprendre un peu d’énergie… Le gros avantage des endroits touristiques, c’est qu’il y aura toujours à boire et à manger aux endroits stratégiques.

Les fruits les plus à droite sont ceux du cactus, qui n’ont pas vraiment de goût mais qui se laissent manger

 

Victoire !

Nous rejoignons d’autres groupes pour partager un dernier petit-déjeuner avant de reprendre la route du retour. Sur le trajet, nous nous arrêterons deux nouvelles fois : la première fois pour admirer le canyon d’un autre endroit et la deuxième fois pour profiter de sources chaudes…

De retour à Chivay, nous laissons le reste du groupe qui rentrera à Arequipa tandis que nous prenons un bus pour Puno. C’est un bus touristique ce qui signifie que nous avons quelques informations durant notre trajet sur notre environnement et les endroits traversés. Nous croiserons des troupeaux de lamas et leurs cousins alpagas sur les plaines arrides et désertiques.

Plus d’excuses pour ne pas savoir la différence

Dans les articles suivants, je vous en dirais plus sur le lac Titicaca et ses îles, ainsi que Cusco et son célèbre Machu Picchu et la vallée sacrée.

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