Samedi 3 octobre 2015

Réveil aux aurores pour attraper le train de 7h05 direction le Puy en Velay. Lorsque l’on entreprent de traverser la France sans partir de Paris, on est bien souvent obligé d’y passer quand même. C’est le cas puisque nous allons jusqu’à Massy Palaiseau au Sud de la capitale. Le trajet jusqu’à Lyon en TGV est rapide mais monotone. Le trajet devient nettement plus intéressant lorsque je prend le TER pour le Puy. Nous remontons la vallée de la Loire en passant par des patelins aux noms improbables, à travers des paysages qui laissent présager de ce que je découvrirais en marchant durant les semaines à venir. Au Puy en Velay, j’ai la chance de me faire héberger par Laure, Alain et leurs 5 enfants, Camille, Constance, Magloire, Sixtine et Hugues. Une première rencontre très sympa, toute en simplicité. Ils habitent à 50 mètres de la cathédrale dans la ville haute et j’en profite pour visiter rapidement le quartier. Rapidement car un orage éclate à ce moment et je rentre : autant ne pas mouiller avant d’avoir commencer à marcher.

Dimanche 4 octobre 2015

Jour du grand départ, du premier pas. Et des pas il y en aura car à raison de 70 centimètres par pas, j’en ferais environ 2 100 000 jusqu’à Saint-Jacques (un panneau indique 1522 kms). Je commence la journée en assistant à la messe d’envoi des pélerins qui a lieu chaque jour à la cathédrale. Pas grand monde en ce dimanche du mois d’octobre. Les grands départs sont terminés pour la saison.

Lorsque je ressors de la cathédrale, le jour s’est levé et la brume aussi. Cela donne un aspect un peu fantomatique aux escaliers qui descendent, indiquant la direction à suivre. La traversée de la ville se fait sans difficultés, je ne croise que quelques promeneurs matinaux, tirés du lit par leur compagnon canin. Rapidement, je sors de la ville et je me retrouve en pleine campagne, sur une route de terre à respirer le bon air et à contempler le paysage. Départ un peu trop rapide ou cerveau encore endormi, à une intersection qui indique à droite, je prend à gauche… Je descend une longue pente pour finalement déboucher au milieu d’un lotissement sans personne, ni direction. Heureusement ma bonne étoile est avec moi et quelques minutes plus tard un vieux monsieur sort de chez lui. Je l’interpèle et il m’explique que le chemin est là-haut. Allez c’est reparti dans l’autre sens. De retour à l’intersection, pas de doute, le panneau indique bien à droite.

Cela me fait un bien fou de marcher en pleine nature, sans autre but que d’aller de l’avant. Je ne croiserais pas grand monde en ce dimanche matin sur le chemin : 5 pélerins, 3 agriculteurs, 2 messieurs avec des chiens et quelques troupeaux de bovins. La solitude ça a du bon aussi. Je fais attention durant la suite de l’étape et ne me perdant pas de nouveau, j’arrive à 13h30 à Saint-Privat-d’Allier. Village pitoresque et charmant mais hormis une vieille église et quelques maisons en pierre, l’endroit est plutôt desert. Je ne me vois pas rester ici tout l’après-midi, le moteur est chaud, le chemin m’attend, ni une ni deux je repars. D’autant que j’ai un contact à Saugues. La perspective d’une nuit dans un bon lit aide aussi à me motiver.

Je ne rencontrerais personne durant cette deuxième étape. Evidemment comme chacun commence l’étape le matin aux environs de 7-8h, ceux qui sont partis le matin même de Saint-Privat d’Allier sont déjà loin. Ce sera donc une étape en solitaire durant l’après-midi. Je passe par la France profonde et je découvre de nouveaux des villages au nom improbables loin de tout. La dernière heure sera difficile et se fera au mental.

Je commence à avoir bien mal aux jambes et je pressens des crampes pour le lendemain. Heureusement ni mes pieds, ni mes épaules ne me font souffrir, signe que mon matériel est adapté et de qualité. Un panneau indique « Saugues - 1,3 kms ». Un dernier effort et j’y suis. Je me rend dans le centre-ville d’où j’écris à Florian, mon hôte du soir. En l’attendant, je visite un peu et découvre que la fameuse bête du Gévaudan est originaire de la région. des traces de pattes sur le sol indique la direction à suivre pour visiter le musée.

Florian arrive et me conduit chez lui. Enfin plutôt chez ses parents. Il est en vacances chez ses parents pour le moment en attendant de commencer une saison au ski en novembre. Je rencontre donc sa maman et je me sens comme chez moi. Un super accueil, repas, discussions et nuit. Rien de tel pour commencer cette marche et pour repartir du bon pied le lendemain matin.

Bilan de la journée

  • 42 kms
  • température entre 6 et 19°C
  • temps : ensoleillée le matin et gris l’après-midi, pas de vent ni de pluie

Lundi 5 octobre 2015

Après une nuit réparatrice dans un bon lit, je sens à peine quelques crampes. Je regarde par la fenêtre et aperçois du ciel bleu. Une belle journée en perspective. Je fais quelques courses alimentaires dans le centre-ville avant de reprendre le chemin. Immédiatement en sortant de la ville, je me retrouve en pleine campagne.

Malheureusement, une douleur aussi soudaine qu’inantendu me prend dans le haut de la cuisse. Je pense à une tendinite puisque cela ne me semble pas musculaire. Je ralentis l’allure et multiplie les pauses. Dès le deuxième jour ce n’est pas drôle. Je finis l’étape du jour avec peine et sous la pluie. Le hameau s’appelle « Le Sauvage » et porte bien son nom. Il n’y a rien mais c’est cela qui fait son charme.

Je décide de faire ma pause déjeuner et de voir ensuite si je repars. Comme il pleut toujours, je vais demander à l’intérieur de l’auberge où est ce que je peux me faire à manger. L’aubergiste me propose dans la salle « même si je ne consomme pas ». Sympa de sa part. Je commence à sortir mon réchaud mais, mauvais entretien, obsolécence programmée ou pas de chance, celui-ci refuse de faire son travail (la sortie de gaz semble bloquée).

Ecoutant les signes de mon corps et ceux du destin, je décide d’en rester là pour aujourd’hui et de me reposer. Je prend donc un lit dans le dortoir. Dans l’après-midi, alors que je suis repus, propre et sec, le soleil point le bout de son nez. Pas de regrets cependant, je profite de la vue et discute avec les autres randonneurs.

Bilan de l’étape :

  • 20 kms
  • température : entre 12 et 20°C
  • temps : gris/pluvieux/venteux le matin, nuageux/soleil l’après midi

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