Avant de lire la suite de mon périple en bateau sur l’Amazone, j’espère que vous n’avez pas loupé l’article précédent qui s’intitulait « Santa Rosa - Iquitos : premiers pas au Pérou via l’Amazone »

Le lendemain matin de mon arrivée à Iquitos, je visite rapidement la ville qui ne présente finalement pas un grand intérêt touristique. Après deux jours d’air pur, nous devons maintenant affronter celui pollué de la ville où se battent des dizaines, voire des centaines de motos taxis dans un concert de klaxons et de bruits de moteur incroyables… Les yeux me piquent, la gorge me gratte, je sais que je ne resterai pas longtemps dans cette ville. Le temps de me reposer une journée à l’auberge, de laver mes vêtements et me voilà reparti le jour suivant pour Yurimaguas, à 3 jours de bateau cette fois-ci.

Vue de la terrasse du deuxième étage de l’auberge de jeunesse

Retour au port sur les coups d’une heure de l’après-midi. La fréquentation est bien plus dense que l’avant-veille. Une dizaine de bateaux sont en train d’être chargés et des dizaines de personnes attendent. On nous explique que le prochain bateau pour Yurimaguas part vers 16h… C’est parfait, nous n’allons pas attendre trop longtemps. Nous montons sur le pont supérieur. Il y a déjà pas mal de monde, surtout comparé au précédent bateau qui était vide à 80%. Nous installons nos hamacs et je reprend une cabine afin de pouvoir mettre mes affaires un peu en sécurité comme sur le bateau précédent.

Le port d’Iquitos est en effervescence

Je ne fais pas l’erreur du précédent trajet et j’ai prévu des provisions

Les heures passent, le bateau se remplit et on voit ainsi pousser une forêt de hamacs sur les deux ponts du bateau. C’est impressionnant. Il y a des familles entières avec des enfants en bas âge, des personnes âgées, certains dorment sur des matelas à même le sol et chacun transporte une quantité impressionnante de bagages.

Quand il n’y a plus de places, il y en a encore…

L’homme banane

 

Vers 18 heures survient un petit incident. Une famille vient accrocher quatre hamacs entre les nôtres, là où un seul hamac supplémentaire sera plus que suffisant. Impossible de passer une nuit dans ces conditions, ce serait comme dormir à plusieurs dans le même hamac. Ce sont deux femmes avec quatre enfants. S’ensuit un échange kafkaïen où elles nous expliquent que les enfants vont avoir froid sinon, que ce n’est pas possible autrement et que nous pouvons installer nos hamacs ailleurs (cela fait déjà quatre heures que nous sommes installés et venus en avance pour justement avoir des places intéressantes. Finalement elles accepteront de déplacer les hamacs de deux des enfants non sans rechigner.

« Tombera pas plus bas »

Les heures continuent de défiler et toujours aucun signe du départ. En écoutant autour de moi, j’entends différents sons de cloches dont certains ne me rassurent pas sur notre départ imminent : « on attend encore un chargement », « le moteur est en panne », « on part demain » …

Le bateau voisin affiche « Départ demain », j’espère que parfois il affiche « Départ aujourd’hui »

Finalement, après une attente sans savoir réellement pourquoi, nous partons sur les coups de 22 heures, pour nous arrêter… dix minutes plus tard pour une nouvelle demi-heure, sans en savoir plus de nouveau.
Enfin, le véritable voyage commence et je regagne ma cabine pour m’endormir du sommeil du juste.
Le lendemain matin, au réveil, je descends à l’étage inférieur pour constater une queue sur toute la longueur du bateau pour le petit-déjeuner. Je décide de les accompagner pour finalement arriver devant le cuistot qui me répond : pour les cabines on vient vous servir… Je n’avais pas conscience d’avoir payé pour la classe « Business », je voyage en 4 étoiles 🙂 Au menu : deux petits pains avec du beurre et tranche de jambon accompagnés d’une boisson à base de lait et de flocons d’avoine…

J’adore observer les paysages qui défilent par la porte ouverte de ma cabine

Le bateau étant plein, cela signifie plus de personnes, environ 200 à vue de nez, donc plus d’arrêts et de montées/descentes. Une partie de la vie économique de ces villages reculés du monde dépend du passage de ces transports maritimes. A chaque fois c’est le même spectacle, des femmes et des enfants accourent pour monter le plus rapidement possible et vendre leurs marchandises les premiers.

Femmes et enfants sont toujours au rendez-vous

A l’abordage

Village sur pilotis pour faire face aux crues du fleuve

Comparé à la taille de certains villages et habitations, le bateau semble immense et s’arrête parfois à quelques mètres des premières maisons.

Arrêt à « Nauta », nous avons laissé l’Amazone derrière nous et sommes à présent sur la rivière Marañón

Un sirène retentit, tous ceux qui doivent descendre, descendent, le bateau repart, la vie reprend sa quiétude dans le village et nous reprenons notre route à contre-courant.
Le deuxième matin, alors que je sors de ma cabine, le bateau me semble étrangement vide. Une bonne partie des passagers est descendue durant la nuit. Il reste encore de nombreux hamacs mais tout ceux qui dormaient par terre sur des matelas ne sont plus là.

Arrêt dans un village en partie sous l’eau, il faut se « jeter » à l’eau pour accéder au bateau

La rivière est à présent plus étroite au fur-et-à-mesure que nous approchons de Yurimaguas

Nous arriverons finalement à Yurimaguas au matin du troisième jour après 56 heures de voyage.
Durant ces deux trajets, j’aurai parcouru près de 1000 kilomètres sur le fleuve Amazone puis la rivière Marañón, tout deux bordés par l’Amazonie, preuve de l’immensité de cette jungle dont je n’ai en fait traversé qu’une infime partie.
Une sacré expérience que je recommande chaudement. On apprend à lâcher-prise sur le temps, on visite des coins reculés hors des sentiers battus et on fait de chouettes rencontres…
Le plus difficile fut néanmoins de voir tout le monde jeter ces déchets par dessus bord sans aucune conscience écologique pour le fleuve et cette jungle. Une attitude qui me fend le coeur malgré les panneaux, pancartes et autres recommandations incitant à ne pas jeter ses déchets dans l’eau.

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