Aujourd’hui ce n’est pas moi qui ai rencontré un inconnu, c’est un inconnu qui m’a rencontré. Alors que je marche le long des interminables couloirs de la station La Motte-Picquet Grenelle, un graffiti sur un panneau publicitaire attire mon regard. « Plus tard je serai souffleur de rêves. » Alors que je reprend ma course pour attraper la ligne 6 pour Montparnasse, quelqu’un m’aborde en me demandant si j’ai vu la publicité sur le panneau suivant « Faites de beaux rêves », pour une marque de literie, comme un clin d’oeil à ce tag. Nous engageons le dialogue rapidement avant de nous séparer, pour finalement nous retrouver dans la même rame de métro. La tentation est trop forte et je meurs d’envie d’en savoir un peu plus. Je vous présente donc Hughes.

[interview mise à jour suite aux précisions apportées par mon inconnu du jour : en commentaire en dessous de cet article]

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Hughes, je suis marin amateur, originaire de Saint-Malo et dans la vie de tous les jours ingénieur en ingénierie, prospective, stratégie.

J’ai créé une petite maison d’édition en 2008 à compte d’éditeur qui s’appelle le Vampire Actif qui publie des oeuvres d’auteurs « perdus ». Nous avons édité un livre de Richepin, l’auteur de la chanson des gueux. Nous avons sorti un livre qui s’appelle Truandailles, qui sont 20 portraits de gueux, de truands et de saltimbanques. Richepind (il a écrit entre 1880 et 1928) est un auteur qui a terminé à l’académie française mais il a passé plus de dix ans de sa vie avec eux, il a une passion pour eux. Il fait 20 portraits sans fioritures et sans condescendance mais qui sont absolument extraordinaire, c’est entre naturalisme et réalisme et c’est vraiment très bien écrit. Du coup, cela m’a permit de faire tout un travail sur l’argot dans la littérature, de Rabelet à Eugène Sue en passant par Victor Hugo et Balzac. Pour redonner vie à cette langue argotique qui n’est pas seulement la langue vulgaire telle que pratiquée aujourd’hui mais c’est à l’inverse une langue extrêmement riche, chaque compagnon, chaque métier avait sa langue. Au départ, l’argot ce sont des langues spécifiques de métier pour communiquer entre eux par rapport aux spécificités du métier avec du vocabulaire adapté à leurs gestes, savoir faire, compétences etc. A l’époque le savoir faire était un capital extraordinaire et on ne le transmettait pas facilement. Il n’y avait pas d’écrit, c’était que par l’oral et l’apprentissage. Chaque profession a ainsi développé son vocabulaire argotique.

(qu’est ce que vous aimez dans la vie ?)

Ce sont les idées décalées, les postures décalées, ce qui ose, poliment, de manière civique, décaler le regard les postures, innover, changer.

(qu’est ce que vous n’aimez pas dans la vie ?)

Je ne supporte pas l’intolérance et les postures de repli sectaire.

Qu’est ce qui fait que vous vous levez de bonne humeur le matin ?

Penser à l’avenir.

Quel est votre rêve dans la vie ?

Pouvoir participer à installer une vraie utopie.

(comment est-ce que vous y participer ?)

J’y participe à travers ma maison d’édition en livrant des textes qui amènent à réfléchir, à penser différemment et puis avec certains engagements auprès d’ONG qui sont investies au niveau humanitaire.

Quel est votre meilleur souvenir dans la vie ?

Ce sera celui de demain matin.

Quelle est la chose la plus folle que vous ayez faite dans la vie ?

C’est, sur une dizaine d’années, de passer le nouvel an en pleine mer sur un voilier (un 6-60) au large des îles Chausey, avec mes amis.

Quelle est votre définition du bonheur ?

Se rapprocher d’Epicure, vouloir son futur et se contenter le plus simplement possible des instants présent, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas être exigent

(je suis entièrement d’accord avec cette vision du bonheur)

Est ce que vous avez une citation qui vous guide dans la vie ?

« L’avenir tu n’as pas à le prévoir mais à le permettre. » Antoine de Saint-Exupéry

Aujourd’hui en un mot ?

Belle rencontre avec vous.