Dernière rencontre de ma série lyonnaise. Lorsque j’aborde Neil assis sur son banc et que je lui explique mon projet, il me répond : et tu interroges aussi les SDF ? Je lui dis bien sûr, et il me dit qu’il n’est pas un SDF habituel ce qui ne peut manquer de susciter ma curiosité.

Qui êtes-vous ?

 Je m’appelle Neil, je suis Irlandais. Je suis né en Angleterre mais mes parents nous ont élevé en Irlande.

(pourquoi est ce que vous dites que vous n’êtes pas un SDF ordinaire ?)

Parce que je me trouve dans la rue en ce moment mais ce n’est pas habituel. J’étais au chômage chez moi et sur un coup de tête je me suis dit « il vaut mieux bouger que rester assis chez moi ». C’est plus un acte choisit que subit.

Par le passé, j’ai voyagé, j’ai fait tout le tour de la France en stop. J’étais passé par Lyon et je m’étais dit que si je devais m’arrêter quelque part ce serait ici. Mais j’arrive en pleine vacances donc il n’y a pas grand monde.

(qu’est ce que vous aimez dans la vie ?)

Tu poses des questions compliquées, (rires) j’aime tout.

(qu’est ce que vous n’aimez pas dans la vie ?)

Les gens méchants, presque animaux, qui n’ont pas d’empathie : ils veulent quelque chose et ils s’en fichent de ce qui se trouve entre eux et cette chose. Comme un animal qui a faim, il va manger !

(quelle était votre activité professionnelle avant d’être au chômage ?)

La plupart de ma vie professionnelle s’est passée en France et en Angleterre. Je suis parti d’Irlande lorsque j’avais 20 ans car il n’y avait pas de travail, à l’époque tout du moins. Je n’ai choisi que des métiers qui sont dépassés (sourire). J’ai été dessinateur alors qu’il y avait les ordinateurs, puis j’ai fait une formation de charpentier marine mais les gens préfèrent les bateaux en plastique, c’est moins d’entretien, c’est plus pratique. Ensuite menuisier ébéniste mais tout le monde va à IKEA.

Mon prochain métier sera probablement fabricant de chaussures je crois !

J’ai aussi été prof de bâtiment mais ça m’a ruiné le moral à cause des gamins. Ils ne sont pas méchants mais j’étais dans les SEGPA, les lycées adaptés donc ce sont des élèves en difficultés et le prof devant eux c’est le représentant de la police, de l’ordre. J’ai quand même passé des bons moments, j’ai fait des chantiers qui duraient des mois. Mais le système n’est pas fait pour tout le monde, il y a des enfants qui ne sont pas adaptés pour l’école. Je pense qu’il faudrait un espèce d’apprentissage qui commencerait à 12-14 ans. Parce qu’en réalité on a tous les outils, les compétences qu’il faut après l’école primaire pour apprendre un métier.

Est ce que vous avez une passion dans la vie ?

La marche, la réflexion, la contemplation, l’observation, j’aime bien observer les gens.

Qu’est ce qui fait que vous vous levez de bonne humeur le matin ?

Je ne suis pas particulièrement de mauvaise humeur le matin, je dirais le beau temps, surtout quand on est dehors (sourire)

Quel est votre rêve dans la vie ?

La paix en soi, la paix dans le monde. Mais je suis trop vieux maintenant pour imaginer que cela puisse arriver, le monde n’est pas comme cela.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Je ne pourrai pas en choisir un seul, il y en a tellement.

(Un qui vous vient à l’esprit maintenant ?)

Des souvenirs avec mes enfants.

Quelle est votre définition du bonheur ?

J’aime bien rencontrer les gens même si je suis aussi un peu solitaire. Le bonheur, c’est aussi des bonnes choses à manger, des bons moments. La vie c’est la souffrance et le bonheur ça arrive par moment. Le bonheur de rigoler avec mes enfants, mais du silence aussi, c’est rare en ville.

Votre journée en un mot ?

C’est bon tu as ton histoire ? (rires)

Si vous souhaitez lire d’autres interviews, vous pouvez visualiser l’ensemble des personnes abordées sur cette carte interactive…

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