Après 10 jours passés à Habitat Sur, voici le temps de quitter la Colombie et de passer au Pérou. A partir de Leticia, rien de plus, rendez-vous sur le port, puis prenez un bateau qui ressemble à celui en photo ci-dessous, il vous emmènera pour 5000 pesos de l’autre côté, sur l’île de Santa Rosa, côté péruvien.

Dans le port de Leticia…

Bateau taxi permettant la traversée de l’Amazone

Je suis au Pérou

Lorsque j’arrive, il est 13h10, le bureau de l’immigration est fermé de 13h à 15h. Je profite de ces premières heures péruviennes pour manger et visiter rapidement la ville qui consiste en une rue principale et quelques maisons en bois.

Premier repas péruvien, rien de bien typique mais la carte ne proposait pas grand chose de végétarien

Difficile de se perdre dans ce village

 

Bureau de l’immigration péruvien de Santa Rosa

 

A 15h, je vais me présenter au bureau de l’immigration, je remplis le formulaire classique d’entrée dans un pays, afin d’expliquer qui je suis, où vais-je et pourquoi ? Lorsque je me présente devant l’officier de l’immigration, celui-ci feuillette mon passeport avant de constater que je n’ai pas de tampon de sortie de Colombie. En effet, à aucun moment, je n’ai vu de frontière de sortie. Il m’explique que le bureau des douanes se trouve… à l’aéroport de Leticia… Difficile à deviner, il fallait le savoir. Apparement, c’est écrit dans les guides de voyages et pour une fois, voyager sans m’aura fait défaut. C’est comme ça que je suis revenu plus rapidement que prévu en Colombie : une traversée de l’Amazone, un aller/retour à l’aéroport avec un arrêt de deux minutes pour obtenir le précieux sésame puis retour à Santa Rosa. Le tampon d’entrée au Pérou ne fut alors plus qu’une simple formalitée.
Me voici donc officiellement au Pérou, deuxième pays que je découvre en Amérique du Sud : nouvelle monnaie, le « nouveau sol », nouveau taux de change et conversions mentales (1 euro = 3,5 soles environ) mais heureusement même langue, même si certains mots diffèrent entre les deux pays et que je m’aperçois que j’ai un peu plus de mal à comprendre l’espagnol péruvien au départ.
Je reprend une barque pour arriver sur la bateau qui m’emmènera à Iquitos. Haut de trois étages, il ne paye pas de mine. Heureusement que l’on ne va pas en pleine mer, je me rassure toujours en me disant que la terre ferme ne sera jamais bien loin.

Malgré l’état avancé de décrépitude, le bateau rempli néanmoins sa fonction et nous emmènera à bon port

Le navire est étrangement vide. Le premier étage est consacré aux marchandises et au personnel de bord, le second aux voyageurs locaux et le dernier aux touristes. Je ne sais pas trop pourquoi il y a cette distinction car il n’y as pas vraiment de différence entre les deux étages supérieurs. J’y retrouve un anglais, une française et une espagnole. En attendant le départ à 18h, je visite les lieux. Le bateau comprend deux toilettes/douches, une cuisine (les repas sont inclus dans le prix du trajet), un mini magasin ainsi que quelques cabines…

Premier coucher de soleil sur le fleuve Amazone

Lorsque le navire démarre, il y a tout au plus une vingtaine de personnes à bord. Habitué des transports qui ne démarrent que lorsqu’ils sont plein à ras bord, je suis agréablement surpris et en même temps interrogatif sur le rendement de ce trajet… Mais je ne vais pas non plus me plaindre.

Chacun s’installe du mieux qu’il peut pour ces deux jours de navigation

A peine quelques secondes plus tard, en manoeuvrant pour s’éloigner du bord, le capitaine heurte le bateau voisin… Un bruit sourd résonne. Heureusement plus de peur que de mal… Allez vive l’aventure !
J’ai décidé de me payer une cabine afin de pouvoir mettre mes affaires à l’abri du vol et ne pas devoir m’en soucier durant ces quelques jours sur l’eau. Mais n’imaginez pas une pièce grand luxe, il s’agit ni plus ni moins de deux couchettes superposées dans deux mètres carrés.

Deux couchettes superposées avec un matelas qui ne paye pas de mine

Je profite des premières heures de navigation pour aller m’asseoir à l’avant du bateau et contempler le fleuve et la forêt qui portent le même nom… Spectacle grandiose au coeur du poumon du monde. Habitué à nos fleuves français canalisés, bétonnés, emprisonnés afin qu’ils rentrent dans les rangs, je suis surpris par la largeur variable de l’Amazone qui peut parfois atteindre le kilomètre pour se réduire brusquement à moins de deux cent mètres.

Pas de cartes ni de panneaux pour se diriger à travers l’Amazone et ses affluents

 

Difficile d’évaluer la largeur du fleuve à certains endroits, nous naviguons toujours à quelques mètres de l’un des bords

Sur les coups de 21h, je ressens une grande fatigue. Je vais directement me coucher dans la cabine. Les deux matelas en mousse sont tellement fins que j’ai presque l’impression de dormir sur les lattes en bois mais c’est mieux que rien. Je m’endors rapidement pour soudainement me faire réveiller à minuit par des coups frappés à la porte. J’émerge brusquement sans comprendre ce qui m’arrive. C’est l’heure de payer le trajet… Drôle d’heure pour cela… On m’annonce un prix de 100 soles au lieu des 90 annoncés (je paye un supplément de 20 soles pour la cabine) précédemment mais je suis trop peu réveillé pour protester… Malin la combine, l’arnaque « taxe gringo » est bien huilée…
Le lendemain matin, j’apprendrai que les Péruviens ont payé 60 soles tandis que les « gringos » (étrangers) 70 soles. Allez savoir pourquoi ! Nous faisons notre première pause peu après six heures du matin, dans un village fait de cabanes en bois. Dès que nous sommes amarrés, des vendeurs montent à bord avec de la nourriture. Certains sont encore des enfants.

J’achète de quoi varier ma nourriture pour les prochains repas

Là encore, une seule rue unique

Je passe le reste de la journée à regarder des films et à contempler les alentours. Je suis surpris de la quantité de branches et de végétaux qui dérivent autour de nous.

A certains endroits, ce sont de véritables îles flottantes que nous croisons

En dehors de cela, le trafic sur l’Amazone est limité à de petites embarcations qui relient quelques villages par voie fluviale.

Nous croisons aussi d’autres embarcations de taille plus conséquente

Parfois, nous nous arrêtons au milieu de nulle part, les habitations en ossature végétale sont coupées du monde et sans aucun accès à une route. La seule façon de rejoindre une ville, c’est le fleuve et de nombreuses heures de navigation pour arriver à Leticia ou Iquitos… Difficile d’imaginer la vie sur les bords de l’Amazone !

Cette maison semble si petite à côté de notre bateau

Dans certains villages, on observe la présence de lampadaires et je me demande bien d’où peut provenir la source d’électricité

Parfois, les arrêts durent plus longtemps sans que nous sachions pourquoi

Certains villages sont un peu plus grands que d’autres

La nuit, on ne voit rien aux alentours du bateau, le capitaine navigue dans le noir complet, heureusement que le trafic est limité.
La nourriture servie à bord est très très très basique et en quantité très infime. Prévoyez donc de quoi grignoter durant votre voyage (il y a généralement un petit magasin sur le bateau), même si vous pourrez acheter parfois à certains arrêts. N’oubliez pas d’avoir de l’eau potable avec vous, environ cinq litres par personne.
Les toilettes et la douche étant assez sommaires, il faut donc vous y préparer si vous n’avez pas l’habitude de conditions de vies rustiques. Nous avons la « chance » de profiter d’une cure thermale « eau de l’Amazone », qui en un seul passage, vous lave et adoucit votre peau grâce à la boue contenue… Même Evian ne fait pas mieux… L’eau est directement rejetée dans le fleuve ce qui ne doit sûrement pas aider à rendre l’eau plus limpide…
Nous arriverons finalement à Iquitos le lundi soir à 20h, soit à peine plus de deux jours de navigation (exactement 50 heures). L’impression de sortir d’un rêve, après s’être laissé porté durant 500 kms sur l’Amazone, à ne rien faire d’autre que de contempler la nature sauvage et se questionner sur son existence : Qui suis-je ? Où vais-je ? Dans quel état j’erre ?
Lorque nous pénétrons dans le port d’Iquitos, les déchets flottants d’origines humaines ont malheureusement remplacés ceux d’origines végétales qui nous ont accompagnés tout au long de ces deux jours. Triste spectacle !
Le capitaine nous propose de rester dormir sur le bateau gratuitement si nous le souhaitons. Mais nous désirons surtout un bon lit et prendre une bonne douche.
La ville est calme et des moto-taxis attendent bien évidemment les touristes que nous sommes. Nous finissons dans une auberge qui ne paye pas de mine mais qui n’est pas trop cher.
Ces deux jours sur l’Amazone furent une sacré expérience positive et je me sens prêt à repartir pour 3 jours en continuant de remonter le fleuve, direction Yurimaguas. La suite au prochain épisode !

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