Après ces quelques jours dans la peau d’un touriste, en mode consommateur, j’avais envie de donner de mon temps et de mon énergie en faisant du volontariat. C’est quelque chose de très courant et classique ici en Colombie, que ce soit dans des auberges de jeunesse ou dans des fermes. J’ai utilisé le site Workaway, dont on m’avait déjà parlé à plusieurs reprises mais que je n’avais encore jamais eu l’occasion d’essayer. Le principe est simple, les structures recherchant des volontaires s’enregistrent et publient une annonce décrivant leurs besoins et les conditions d’accueil. Ensuite, c’est comme un site de petite annonce pour chercher un travail. Grâce à des systèmes de filtres, je sélectionne directement la zone où je souhaite chercher (la côte Caraïbes) et le type de structure (une ferme car je souhaite vivre avec des Colombiens pour pratiquer mon espagnol). Et comme dans une recherche d’emploi, il faut envoyer plusieurs demandes pour recevoir une réponse. Rapidement néanmoins, je reçois un retour de la propriétaire d’une ferme à Minca. Elle cultive le café, comme la plupart des agriculteurs dans cette région mais elle recherche quelqu’un souhaitant développer des activités de permaculture et aussi l’aider à accueillir les touristes qui viennent dans les quatre huttes ouvertes à la location. Le programme me semble intéressant et nous prenons rendez-vous quatre jours plus tard pour nous rencontrer et commencer ma période de volontariat.
Le vendredi midi, après une nuit dans une auberge à Santa Marta, je prends un « collectivo », transport collectif local plus petit qu’un bus, pour me rendre à Minca, en hauteur dans les montagnes.
Mon hôte, qui vit avec son fils, n’est pas là mais je rencontre une autre volontaire, une anglaise. Elle m’explique qu’ils sont descendus à Santa Marta faire quelques courses. En les attendant, je pars explorer le village, une rue unique, quelques maisons éparses et quelques commerces. C’est une ville assez centrale pour partir dans les parcs et la jungle alentours. De ce fait, il y a un assez grand choix d’hébergements.
En rentrant de cette première visite de Minca, je rencontre Clara et Rafaelo, mes hôtes. Clara me demande si je préfère l’espagnol ou l’anglais (ils ont vécu plusieurs années aux USA). J’explique que je préfère l’espagnol même si c’est plus compliqué mais que je souhaite apprendre.
Le lendemain matin, je suis embauché pour ramasser le café avec un ouvrier agricole. Nouvelle expérience pour moi et découverte du café dans son état naturel. Des petites boules rouges qu’il faut ramasser une par une en laissant celles qui sont trop vertes.
Le terrain est en pente et certains caféiers sont plus accessibles que d’autres.
Au fur-et-à-mesure, je laisse tomber les graines dans le bac attaché à ma taille.
A la fin de la matinée, nous mettons nos récoltes en commun, l’ouvrier agricole à bien entendu plus ramassé que moi. L’étape suivante consiste à enlever la peau autour de la graine grâce à un moulin…
Le grain sort blanc et devra sécher dans un premier temps pendant 2 jours.
La peau entourant le grain du café est répandue sur le sol et servira à l’enrichir. Retour à la terre, la boucle est bouclée.
Je ne verrais malheureusement pas la suite. Alors que je déjeune, mon hôte vient me voir en me disant qu’elle doit me parler. De but en blanc, sans prévenir, elle me dit que nous ne sommes pas fait pour nous entendre et que je dois partir… Cela fait moins de 24 heures que je suis ici. Devant cette requête pour le moins inattendue et sans vraiment d’explications, je suis pris au dépourvu et ne sait vraiment quoi répondre.
Je finis de manger rapidement puis fait mon sac. En sortant de la ferme, je vois un panneau « Mundo nuevo » (« Monde nouveau »), c’est une autre ferme en permaculture dont on m’avait parlé précédemment. Je décide de m’y rendre, il est écrit trois kilomètres - 45 minutes de marche… La route sort rapidement du village pour s’élancer à travers la montagne et monte de plus en plus. A mi-parcours environ, il commence à pleuvoir, du genre vraiment pleuvoir. Je sors les protections de sacs, tant pis pour moi, je ne suis pas en sucre. La pluie est si forte que certains ruisseaux débordent et l’eau jaillit à travers la route, quand cette dernière n’est tout simplement pas le tracée d’une nouvelle rivière. Pas le choix, je dois mettre les pieds dans l’eau. Finalement je vois une nouvelle pancarte « Mundo nuevo », qui s’écarte du chemin principal, signe, je l’espère que je suis bientôt arrivé. La pluie cesse enfin et je marche sur un chemin à peine plus large que moi. Enfin j’aperçois des habitations. Ce sont des huttes indigènes au milieu de nulle part. Elles sont au nombre de quatre mais il n’y a personne dedans ni autour.
Ne sachant que faire, je pense soudain à lever la tête et ô miracle, j’aperçois des bâtiments un peu plus haut avec de la lumière… Quelques minutes plus tard, je croise des humains, gros réconfort. Ils parlent français, finalement comme 90% des personnes ici. Le propriétaire des lieux est belge et par conséquent, la grande majorité des volontaires travaillant ici sont soit belges, soit français. Ce n’est pas ici que j’apprendrais l’espagnol mais ça fait du bien de parler français.
Je demande s’ils sont à la recherche de nouveaux volontaires, la réponse est malheureusement non. Je décide néanmoins d’y rester la nuit (ils proposent aussi l’hébergement), il va commencer à faire nuit, je n’ai pas envie de rebrousser chemin maintenant et puis le lieu me semble sympa pour y passer la nuit.
Après avoir sortie mes affaires dans le vain espoir de les faire sécher, je fais connaissance avec les volontaires. Certains sont là depuis près d’un an, bien déterminés à faire de ce lieu, un oasis abondant et autosuffisant en café, fruits et légumes. Le soir, je redescend avec certains car il y a un concert en ville. Cela se passe au centre culturel Floricanto, un lieu créé par une française il y a tout juste six mois. L’idée est de créer une dynamique culturelle à Minca et de proposer un lieu pour rassembler les différentes communautés locales tout en mettant en avant les artistes en tout genre.
C’est ainsi que je fais la connaissance de Laure, la propriétaire des lieux qui aurait bien besoin de bras pour des travaux physiques. C’est comme ça que j’ai commencé ma journée en ramassant du café, le milieu de journée en me demandant quoi faire, et le soir en ayant un nouveau projet.
Rien n’arrive pas hasard !
C’est une peu fort de café, ton histoire !!
oui sur le moment j’en avais marc…