Nous sommes samedi soir, il est 21h, je viens de cuisiner un risotto champignon/courgettes et des crêpes pour une dizaine de personnes, mes hôtes et des ami.e.s à eux, pour les remercier de leur accueil. Ils ont adoré ma cuisine végétarienne et j’en suis bien content étant tous des carnivores convaincu.e.s. Lorsque j’ai apporté les crêpes pour le dessert, ce fut un bon moment d’interculturalité culinaire. En effet, en Colombie, on mange généralement les crêpes en plat principal avec des aliments salés. Ils m’ont demandé une démonstration de la dégustation des crêpes à la française. Ils ont été choqués que je saupoudre de sucre sans rien d’autre… Heureusement j’avais prévu de la confiture.

Luis Miguel profite de la fin de repas pour m’expliquer qu’une amie américaine vient de lui annoncer via Facebook qu’elle se trouve à trois heures de Bogota avec un groupe d’ami.e.s… Ni une ni deux la décision est prise de les rejoindre.

Après dix jours passés à Bogota, une certaine routine s’est déjà installée et surtout il est temps pour moi d’explorer un peu l’extérieur de cette capitale qui comme la plupart des grandes villes du monde ne montre pas toujours une image très fidèle du pays dans son ensemble.

Nous formons un groupe de quatre, direction la gare routière de bus. Le temps de nous y rendre il est 23h. Miguel demande à un inconnu dans la rue s’il connaît du monde qui se rend à notre destination. Après quelques appels infructueux celui-ci arrête un bus dans la rue et qui malgré toute invraisemblance, s’y rend. Nous montons dans le bus pour découvrir qu’il est plein et qu’il n’y a pas de places assises. Tant pis c’est l’aventure, rien ne peut nous arrêter ce soir. Deux places se libèrent à un arrêt suivant et nous alternons entre dormir assis et allongé par terre… Les lumières du bus sont éteintes, probablement pour mieux dormir mais la musique est à fond et ce n’est pas une comptine. Beaucoup de personnes boivent sûrement pour passer le temps. C’est le cas de mes voisins qui ne semblent pas se soucier de la vie en société et profitent des quelques secondes entre les chansons pour crier des paroles incompréhensibles pour moi. Après plusieurs arrêts, nous finissons les dernières quinze minutes avec chacun deux sièges, royal… « Girardot terminus tout le monde descend. »

Lorsque je sors du bus je ressens la différence d’altitude, mes oreilles se bouchent et la température a pris 10 degrés d’un coup. Bienvenue dans le monde des moustiques !! Mais quel plaisir de sentir cette chaleur !

Il est deux heures du matin, la gare routière est fermée et le prochain bus pour notre destination finale est à quatre heure. Nous nous occupons comme nous pouvons, en dormant tant bien que mal pour les uns, en explorant les alentours pour les autres… Trois heures, Miguel reçoit un appel de son amie qui lui dit que finalement ils ont changé leurs plans et se trouvent dans une autre ville. Cette dernière se situant bien trop loin pour y aller durant un week end nous devons revoir nos plans.

Malgré ce retournement de situation j’ai toujours le moral, ces imprévus font partie du voyage, je suis dans une ville inconnue et je ne sais pas ce que je vais faire de ma prochaine heure et c’est ça qui m’éclate.

Notre plan B est de rester debout jusqu’à 6h du matin puis d’aller chercher une chambre d’hôtel.

Nous commençons à errer dans les rues à la recherche d’un bar pour boire un verre. Nous décidons finalement de prendre un taxi qui nous dépose 5 minutes et 1 euro plus tard devant la boite principale de la ville. Malheureusement elle ferme dans 30 minutes et l’entrée n’est plus disponible. Nous nous rabattons sur le bar annexe jusqu’à sa fermeture lui aussi 30 minutes plus tard. Il est maintenant trois heure trente, les esprits s’échauffent et quelques bagarres éclatent rapidement arrêtées par des policiers ayant probablement l’habitude de traîner dans  ce coin à cette heure tardive de la nuit. Un gars manque de se faire renverser par un taxi qui arrivait à vive allure… Viva Colombia ! Nous décidons de changer de rue à la recherche d’un nouvel endroit ouvert. Un restaurant/bar/boulangerie nous accueille, mélange surprenant entre ceux qui finissent leur soirée et viennent y boire un dernier verre ou se sustanter et ceux qui commencent leur journée et y prennent un petit déjeuner.

Miguel discute avec nos voisins, je comprends que peut être nous pouvons loger chez eux. Il est cinq heure du matin, nous les suivons en pensant trouver bientôt un matelas douillet. Malheureusement ils ont d’autres idées et s’arrêtent devant un magasin acheter de l’aguardiente, l’eau de vie locale. Les discussions continuent et même s’ils ne sont pas méchants nous tournons en rond. Nous décidons enfin qu’il est temps de les quitter et d’aller dormir. Nous prenons un nouveau taxi avec comme consigne « hôtel pas cher avec piscine ». Il est 6h du matin et nous entrons dans le hall de l’hôtel Galeon. Pour 13 euros par personne nous avons accès à une chambre/dortoir avec 5 4 lits jusqu’au lendemain 13h. Nous y entrons et nous couchons. On émerge à 11h et après un rapide plongeon dans la piscine, nous partons rapidement explorer la ville à la recherche d’un endroit pour manger. Je découvre la ville de jour, il fait chaud, je suis en short et en claquettes, j’apprécie d’autant plus l’instant présent.

Comme souvent ici je mange deux fois car un plat de base ne me suffit pas. Je m’en sors pour sept euros et le ventre plein, autant dire que mon porte monnaie est content. Au détour d’une conversation, mes ami.e.s colombiens apprennent que le fleuve Magdalena (le fleuve le plus important de Colombie, long de 1500 kms et se jetant dans la mer des Caraïbes), passe à Girardot. Ni une ni deux, nous voici dans un bateau pour une petite croisière d’une heure sur une barque à moteur. L’eau est boueuse et on n’y voit rien (il pleut tous les jours) mais quel plaisir d’être sur l’eau. Une vingtaine de minutes plus tard, on nous dépose sur un banc de sable où quelques stands permettent de boire et manger un peu. Quelques batailles d’eaux et de boues plus tard, nous reprenons le bateau en sens inverse.

Nous sommes encore bien fatigués de notre courte nuit et rentrons à l’hôtel profiter d’une alternance entre lit et piscine… Chouette programme ! Le soir nous ressortons en début de soirée dans l’artère principale qui se situe à dix minutes à pied de notre hôtel. Les boîtes de nuit et bars dansants sont grands ouverts sur la rue et nous assistons à une cacophonie musicale où les décibels s’en donnent à coeur joie. Notre choix se porte finalement sur une salle de billard. Cette soirée sera bien plus courte que la veille et à minuit nous sommes rentrés et dormons tous à poings fermés…

Le retour le lendemain sera sans grand intérêt à raconter mais j’ai néanmoins adoré ce week-end imprévu du début à la fin… Un grand moment de bonheur !

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