Je prends enfin le temps de coucher sur le papier la fin de mon périple.

Je vous avais laissé à Berlin le vendredi soir alors que je venais d’apprendre que j’allais passer la journée du samedi en compagnie de Fabien.

Samedi 20 janvier

Je le retrouve le matin pour prendre part à une manifestation contre un géant de l’industrie de la chimie agricole. La foule est immense, le réseau saturé et nous mettrons deux heures à nous retrouver. Le temps est heureusement parfait, malgré une température basse.

Afin de ne pas me trimbaler mon sac à dos toute la journée, je le laisse dans une consigne à la gare principale de Berlin. Je me prends pour Jason Bourne avec ma clé numéroté !

Nous décidons de continuer la journée par un peu d’urbex ou exploration urbaine. Le principe est de visiter des lieux abandonnés par l’homme, bien souvent interdits voir difficiles d’accès. C’est ainsi que je débarque dans l’ancienne fac d’anatomie de Berlin, abandonnée depuis une dizaine d’années. Berlin est une ville immense et de ce fait, il est bien souvent plus facile de reconstruire à côté plutôt que de rénover, les terrains libres ne manquant pas.

Je vous laisse découvrir en vidéo l’intérieur des lieux 🙂

C’était une première pour moi et comme toutes les premières fois (que ce soit en bien ou en mal, on se souvient généralement de ses premières fois), elle restera dans ma mémoire…

Après toutes ces émotions, rentrer dans un lieu de manière illégale, visiter les salles de dissections et la morgue, nous nous rendons au chaud pour partager un verre avec des ami.e.s de Fabien. Je découvre un lieu très sympa dont l’ensemble du mobilier est fait à partir de matériaux de récupération, ce qui dégage une atmosphère propice à passer un bon moment.

Après ce moment au chaud, nous reprenons les transports en commun. La ville est vraiment immense et chaque déplacement est une épopée. Après un arrêt chez un libanais, je propose à Fabien de faire une partie du trajet à pied, cela permet de se rendre réellement compte des distances.

Nous passons devant la Branderburger Tor, symbole de la division de la ville durant la guerre froide pour finalement repasser par la gare avant de rentrer chez Fabien qui habite en colocation. Nous ne verrons que rapidement ses collègues ce soir là, une allemande et un français.

Nous mangeons sur le pouce tandis que je finalise la vidéo de l’urbex que vous avez pu visionner au-dessus.

Nous ne tardons pas à rejoindre Morphée après cette longue journée de marche et de transports. Je me suis en outre coincé un doigt dans la porte de la consigne de gare et mon ongle, déjà bien violacé, me lance horriblement.

Dans ces moments là, je me dis que si un jour on menace de me torturer, je leur dis tout ce qu’ils veulent rien qu’en entendant le mot torture !!

Bon ok je me suis grillé pour travailler pour les services secrets, mais si vous me lisez, promis, je ferais un effort si d’aventure, vous souhaitiez me recruter !

Je passe donc une nuit entrecoupée de prise de doliprane pour faire baisser la douleur et dormir quelques heures.

Dimanche 21 janvier

A sept heures, j’ouvre les yeux au son de mon réveil. C’est tôt, mais j’ai envie d’arriver le plus loin possible aujourd’hui car je dois être demain soir à Paris. Une rapide douche pour me réveiller, un au revoir ensommeillé à Fabien et je me dirige vers mon spot de stop… Il fait frais ce qui m’oblige à effectuer un genre de danse sur place en sautant d’un pied sur l’autre. Je n’attends pas très longtemps et une première personne s’arrête et se propose de me conduire à la sortie de la ville sur une aire d’autoroute où j’aurai plus de chances. Malheureusement, cela s’avère assez faux et je me retrouve dans le froid à attendre désespérément une nouvelle voiture. L’avantage du stop, c’est que si l’on est patient, et il faut l’être lorsque l’on entreprend un voyage en stop, une voiture finit toujours pas s’arrêter à un moment ou à un autre. J’avance finalement d’une centaine de kilomètre avant d’arriver dans une nouvelle aire d’autoroute. Le soleil me chauffe faiblement en attendant mes bienfaiteurs suivants. Ils prennent la forme de trois jeunes hippies qui reviennent de la manifestion à laquelle j’ai assistée la veille, curieuse coïncidence. L’activité de l’un d’entre eux est l’équivalent des compagnons du devoir et il se forme dans toute l’Europe au gré des rencontres. Durant plusieurs années, il ne doit pas revenir à moins de cinquante kilomètres de chez lui. Une façon originale de s’obliger à découvrir le monde et à sortir de sa zone de confort.

Du fait de son style de vie, il pratique énormément le stop. Le gros avantage, c’est que contrairement aux conducteurs habituels qui pensent connaître les bons spots, lui les connaît vraiment. Je le vérifie rapidement, l’aire d’autoroute est immense et en moins de cinq minutes, une nouvelle personne s’arrête, elle se rend à Francfort… Magique ! Durant les quelques heures que je passerais en compagnie de cette personne, nous échangerons très peu. J’essaye au départ de discuter un peu en allemand mais ma conductrice n’y semble pas réceptive. Tant pis, c’est aussi ça le stop, s’adapter aux rencontres !

La fin de journée sera compliquée. En effet, je vais attendre plusieurs heures sur la même aire d’autoroute, dans le froid qui s’accentue avec la tombée de la nuit, jusqu’à me retrouver dans le noir complet. Je me rapproche du restaurant accolé à la station service afin de profiter un peu de sa luminosité mais rien n’y fait. Alors que j’envisage sérieusement de passer la nuit sur place, une voiture s’arrête enfin et se propose de me conduire à la gare de Karlsruhe.

J’avais envie de finir mon périple en stop mais tant pis, le froid, l’attente et mes impératifs du lendemain auront eu raison de moi. J’achète un ticket pour Offenbourg puis Strasbourg.

En quelques minutes, grâce à internet et notamment le réseau scout, je trouve un logement pour la nuit. Adèle, qui héberge déjà deux filles venues assister à un concert, se propose de m’accueillir. C’est la première fois que je découvre Strasbourg et le simple aller/retour que je ferais entre chez elle et la gare suffira à me donner envie d’y revenir explorer plus en détails ses ruelles piétonnes et les bords de l’Ill, la rivière qui traverse la ville.

Merci Adèle pour ton accueil et la nuit sous les toits strasbourgeois !!

 

Lundi 22 janvier

Pas de surprises en ce lundi matin puisque je vais rejoindre Paris en train. J’ai trouvé un Ouigo à 10 euros, difficile de faire du stop dans ces conditions. Je prends néanmoins le temps de prendre quelques photos de la ville sur le trajet qui me mène à la gare.

Bilan

  • 9 jours
  • 2900 kms en stop et 600 kms en train
  • 3 pays : France - Allemagne - Pologne
  • 6 villes étapes : Francfort - Dresde –  Łódź - Varsovie - Berlin - Strasbourg
  • des dizaines de conducteurs
  • des heures d’attentes…
  • mais que du bonheur !!!

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