Repris par mon train train quotidien dans la capitale française, je n’avais pas encore pris le temps de raconter mon trajet retour depuis Varsovie.

Vendredi 19 janvier

L’objectif de cette nouvelle journée est d’arriver le plus loin possible en stop. Malgré un réveil matinal à 7 heures, je me perds un peu dans la ville avant de trouver le bon bus pour me rendre au spot que j’avais identifié la veille sur internet. Il est donc 8h50 lorsque je commence à tendre le pouce.
Je suis sur une bretelle d’autoroute, juste après un gros croisement avec des feux de signalisation ce qui signifie que les voitures arriveront lentement et auront donc le temps de me voir et éventuellement de s’arrêter. L’attente commence mal car au passage d’un poids lourd, je recule pour lui laisser la place dans le virage et en posant mon pied dans la neige derrière moi, je me rends compte qu’il s’agit du caniveau, que j’ai mis le pied dans l’eau et que par zéro degré, ce n’est pas vraiment l’idéal. Je me vois ensuite obligé de remuer régulièrement les doigts de pieds afin d’éviter que le froid ne vienne trop me rappeler à ma condition d’autostoppeur.

Après une attente qui m’a semblé de toute façon trop longue, un camion s’arrête et me fait signe de monter. Des voitures le suivant de près, je ne réfléchis pas et saute dedans. A bord, je me rend compte que mon bienfaiteur ne parle pas un mot d’anglais. Je lui explique néanmoins via une carte et une application de traduction à peu près où je me rend et que j’aimerais qu’il puisse me déposer sur une aire d’autoroute avec une station service.
Sur le trajet, il essaye à de nombreuses reprises de trouver un collègue qui rendant en Allemagne via la cibie de son camion. Malgré de nombreux tentatives, il fera chou blanc. Il me déposera finalement à une sortie d’autoroute lambda, c’est-à-dire avec très peu de passage. Ce qui s’avérait donc en premier lieu une bonne attention, se finira malheureusement par me laisser au milieu de nulle part dans le froid. Heureusement, j’avais remarqué un panneau indiquant la prochaine aire d’autoroute avec station service à deux kilomètres. Pour y accéder, je passe par dessus le grillage délimitant l’autoroute et marche le long d’une petite route.
Malgré le froid, je retrouve des sensations propres à la marche, le sentiment de liberté, de savoir que j’ai tout ce qu’il faut sur le dos et que je suis bien chaussé pour marcher de nombreux kilomètres. La neige alentour augmente encore plus ce sentiment de pléinitude et je me surprends même à pousser la chansonnette.
Alors que j’aperçois la station service au loin, je me retrouve face à un ruisseau et je me sens comme Christopher McCandless dans le film Into The Wild, si près du but et en même temps si loin. J’envisage pendant un moment de sauter mais la petite voix de la raison emporte heureusement le débat et je commence à longer le cours d’eau en espérant trouver rapidement un moyen de le franchir. Ce fut finalement le cas avec un petit pont de bois si cher à Yves Duteil.
Me voici enfin à la sortie de l’aire d’autoroute où je peux de nouveau tendre le pouce. Je n’ai guère eu le temps de me réchauffer malgré ma marche et l’attente me frigorifie bien trop rapidement. Un couple de médecins polonais s’arrête pour me sortir de cette situation. Ils se rendent pour un week-end en amoureux à Poznan.

 

Chaque voiture qui s’arrête et peut m’avancer me redonne le moral, même si celle-ci ne fait que quelques dizaines de kilomètres. Alors quand j’avance d’un coup de 200 kilomètres, je suis aux anges. Je garde le cap « Allemagne » pour aujourd’hui et demande au couple de me déposer dans une aire d’autoroute avec une station service.

 

La suite de la journée se passera sans trop de souci car j’arriverai à rester à chaque fois sur l’autoroute et à me faire déposer à des endroits stratégiques. J’aurais par exemple la chance de rencontrer un jeune qui ne parlait pas un mot d’anglais mais qui appellera la moitié de son répertoire afin de trouver quelqu’un qui parle anglais car il voulait être sûr de me déposer au bon endroit, puis une mère de famille avec ses deux petites de 3 et 5 ans à l’arrière, qui se rendait à l’anniversaire d’une amie de ses filles.

 

Mon trajet se finira avec un allemand habitant Hambourg et qui venait d’acheter du bois en Pologne car beaucoup plus économique. Il me déposera en limite de Berlin où je passerai la nuit.

 

J’y retrouverai Wael, un ami syrien, rencontré lors de mon séjour en Suisse l’été dernier, qui y habite avec sa copine Anaïs. C’est une bonne surprise de les revoir, après les avoir hébergé en septembre à Paris.
Berlin est une ville immense qui couvre près de neuf fois la surface de Paris. Il me faudra près de deux heures pour rejoindre leur domicile à l’autre bout de la ville. Mais quel plaisir de se savoir attendu et de retrouver des ami.e.s !!

 

La soirée est d’autant plus sympa lorsque Fabien, qui vient de voir un post signalant que j’étais dans la capitale allemande via le célèbre réseau social mondialement connu, m’appelle pour me dire qu’il s’y trouve aussi. Rendez-Vous est pris pour le lendemain.

 

Je pensais continuer ma route dès le samedi, mais il faut aussi savoir s’arrêter et prendre le temps de profiter de ses ami.e.s, surtout quand ce n’était pas prévu.

 

Une longue et incertaine journée de stop qui se finira en beauté !!

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