Me voilà à Riohacha depuis seulement un jour, que j’ai déjà envie d’aller voir ailleurs. L’attraction du coin s’appelle Punta Gallinas, une plage loin de tout qui au-délà d’être désertique et magnifique, se trouve aussi être le point le plus au Nord du continent Sud-Américain.

Étant seul et ayant bien conscience que lorsque l’on voyage, un groupe à plus de poids notamment pour partager le coût des transports, je fais le tour des auberges de jeunesse afin de trouver des covoyageurs… Dans la première auberge que je trouve on me propose un tour organisé de trois jours deux nuits pour la modique somme de 470000 cop all inclusive soit environ 140 euros. Je ne suis pas très friand des tours organisés car ils laissent bien souvent moins de flexibilité dans l’organisation des journées par définition… Et surtout la place laissé aux surprises et aux imprévus et bien moins grande… Dans la deuxième auberge on m’explique qu’un groupe part le lendemain à l’aventure, je me décide à les rejoindre. Rendez-vous est donc pris le lendemain à huit heures devant cette même auberge.

A l’heure indiqué, nous nous trouvons finalement être un groupe de 5. La voiture n’ayant que 4 places je me décide à les laisser partir et à prendre une seconde voiture. Ne voulant pas payer plein pot je me vois contraint d’attendre 45 minutes que mon chauffeur trouve 3 autres personnes. Tant mieux car j’ai tout mon temps… Nous partons direction Uribia. La route est rectiligne et me fait penser à leurs voisines américaines, le nombre de voies en moins… Sur le bord de la route, situation typiques de nombreux pays où j’ai pu me rendre, la vente de bouteilles d’essence au litre pour les conducteurs les moins prévoyants. Des chèvres en liberté manquent de se faire écraser malgré les coups de klaxon à répétition de notre conducteur… Sûrement des chèvres sourdes ! Ayant l’habitude de ces trajets improbables, je me formalise moins des dépassements à la limite du raisonnable, des appels de phares de la voiture venant en sens inverse nous indiquant que peut être s’il l’on ne se rabat pas il va y avoir un problème. Cela doit faire partie du folklore que j’apprécie en voyageant…

Une heure plus tard nous arrivons à Uribia, une ville à la limite du désert.

uribia

Notre voiture ne peut aller plus loin, je dois changer de véhicule. Mon conducteur habitué et non dupe devant ma tête de touriste m’arrête directement devant son « copain/partenaire » qui organise la liaison suivante cette fois ci en 4×4 car la route goudronnée s’arrête ici…

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Je retrouve deux Allemandes pour faire le trajet. Après une dizaine de minutes d’attente, nous embarquons pour rapidement s’arrêter, notre transport n’étant pas plein bien évidemment… Commence le jeu de mikado, on rentre à 17 dont 5 enfants, on est serré, il est bientôt midi, il commence à faire bien chaud et la chaleur à l’intérieur devient rapidement insupportable… Qu’est ce que l’on ne ferait pas pour un peu de sable blanc et d’eau limpide ?

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Sur le toit je vois notre chauffeur charger une bouteille de gaz… Gaz plus secousses je pensais que ça ne faisait pas bon ménage normalement… L’avantage de me lire en ce moment signifie que tout s’est bien passé : )

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A ce que je pensais être le dernier arrêt, nous faisons le plein à l’artisanal, les bidons d’essences sont vidés directement dans le réservoir. La chaleur monte encore un peu plus dans l’habitacle sans qu’un seul souffle de vent vienne nous rafraîchir. L’odeur de l’essence monte à la tête, conditions parfaites pour tourner de l’oeil…

Nous partons et étant plein à raz bord je pense que c’est bon direction la playa… Mais non quand il n’y a plus de places on serre encore un peu et ça rentre. Nouvel arrêt quelques centaines de mètres plus loin pour charger des objets diverses et variés. Je me retrouve avec une hélice de bateau sous mon siège.

Et en avant, notre chauffeur pousse le volume à fond et les enceintes crachent plus qu’elles ne produisent des sons mélodieux… La température redescend un peu et la pluie de la nuit précédente limite la production de poussière. Outre un philippin, les deux allemandes et moi il n’y à que des colombien.nes… Une scène de vie locale hétéroclite mélangeant deux mamies tricotant le plus naturellement du monde malgré les secousses, une maman allaitant dans les mêmes conditions, des enfants dormant dans des conditions tout sauf confortables…

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Régulièrement durant le trajet, je les vois à tour de rôle jeter leurs papiers de bonbons ou autres friandises par la fenêtre. C’est dur de ce dire que l’on est au milieu de nulle part et que l’environnement est déjà pollué par la main de l’homme. Le rôle des entreprises est primordial à ce niveau et elles profitent d’un manque d’éducation pour refourger des cochonneries qui non seulement causent des problèmes de santé mais dégradent l’environnement. Quel dommage !

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Au bout d’une heure notre chauffeur fait une pause devant un abri de fortune qui permet à quelques vendeurs d’attendrent le client avec leur glacière remplie de bières fraîches.

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De temps en temps sur le bord de la route, des vendeuses ambulantes vendent de l’artisanat local.

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Après près de deux heures de 4×4 sur une piste de terre qui n’en finit plus nous arrivons à Cabo de la Vela, un petit village tout en longueur sur le bord de la mer des Caraïbes vivant de la pêche et du tourisme…

Nous avons tous vu des photos auparavant et la première impression est assez décevante, je m’attendais à quelque chose de plus authentique, plus sauvage. Finalement il y a l’électricité partout et les auberges de jeunesses et autre commodités pour nous autres touristes sont légions. Cela ressemble plus à un attrape touriste qu’autre chose. Nous profitons quand même de l’endroit pour nous rendre au Pilón de Azúcar, une colline à quelques kilomètres du village où il est possible d’observer une belle vue sur la mer des Caraïbes ainsi que de profiter de la plage.

Malgré ma première déception de ces lieux, j’ai passé une soirée très sympa en compagnie d’autres touristes, venu comme moi  chercher un peu de quiétude loin de tout. L’atmosphère est mystique, entre la fureur du ciel illuminé par des éclairs au loin et la quiétude de la mer paradoxalement si calme et dont le bruit du roulis des vagues qui viennent mourir à nos pieds, nous berce.

Suite à cette bonne soirée, je ne pouvais donc pas renoncer à mon désir d’aller au point le plus au nord du continent Sud-Américain. Mais il se mérite, et nous prenons un nouveau transport à six heures du matin, direction un « port » que nous atteignons après une bonne heure de mauvaise piste. De nombreux bateaux sont dans l’attente du départ, des voyageurs reviennent, d’autres repartent.

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Nous embarquons rapidement dans une des embarcations et nous voilà partis pour deux heures en mer.

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Lorsque je pose le pied à terre, l’impression est toute différente de la veille en arrivant à Cabo de la Vela. L’endroit est nettement plus désertique, rocailleux, loin de tout. En remontant les quelques marches qui permettent d’accéder aux bâtiments principaux, nous découvrons Bahia Hondita, un village de quelques maisons, où les animaux domestiques comme les chèvres ou les poules gambadent joyeusement. Il n’y a pas d’herbes et seulement des buissons de petites tailles qui témoignent de la rudesse du climat.

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Après un rapide petit-déjeuner, nous reprenons un 4×4 pour nous rendre au terme de notre périple, Punta Gallinas. Sur le chemin, nous croisons quelques habitations éparses, où je n’arrive pas à m’imaginer les conditions de vies dans ces contrées loin de tout. De quoi vivent-ils ? Quels sont leurs perspectives pour le futur ? Sont-ils heureux ? Se posent-ils toutes ces interrogations finalement ? Je n’ai pas le temps de m’arrêter pour leur poser ces questions qui me brûlent les lèvres, nous avons un programme et un timing à respecter… Le choc des cultures : touristes contres locaux, deux gestion du temps différentes. Les habitants de cette partie du monde s’appellent les Wayuus, ils sont les descendants des peuples ancestraux vivant ici depuis toujours bien avant la conquête espagnole. Ils parlent un dialecte propre en plus de l’espagnol. Leur population est estimée à environ 500 000 personnes qui vivent à la frontière entre la Colombie et le Vénézuéla.

En route vers Punta Gallinas, nous faisons néanmoins quelques arrêts le temps de prendre quelques photos. La multitude des paysages est surprenante : une alternance de cailloux, de sable, de végétation…

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Notre route se termine en plein dans le sable, au sommet d’une dune gigantesque. Nous descendons pour aller profiter de cette plage du bout du monde… Désertique et sans déchets, c’est un réel plaisir que de s’y baigner et d’en profiter pleinement.

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Malheureusement les éléments en ont décidé autrement et après un peu moins d’une heure, une pluie diluvienne s’abat sur nous, nous obligeant à trouver refuge dans les voitures, puis, devant l’absence d’amélioration, à rentrer.

Je passe l’après-midi tranquille dans mon hamac à lire et à me reposer. Un vrai plaisir !

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Le lendemain matin, levé aux aurores pour reprendre le bateau en sens inverse. J’admire le soleil se lever petit à petit sur l a mer, le spectacle est grandiose.

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Pour finir, nous reprenons le 4×4 jusqu’à Uribia. La pluie de la veille a détrempé la route de terre et le passage incessant de véhicules l’a rendu beaucoup moins praticable. Notre chauffeur slalome entre les flaques d’eaux et les imperfections de la route. Nous faisons quelques dérapages mais arrivons finalement sain et sauf à Uribia…

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